Souvenirs de l' Unposter Page 18
Les "belines"
Des brebis ont élu domicile dans le pré de la maison de Virigneux.
Oui, deux belles brebis, une mère et son petit agneau. Je ne me rappelle plus exactement comment ses brebis sont arrivées. La seule chose dont je me souvienne, papi Louis avait pris une décision, louer le pré à un monsieur.
L’herbe grasse était abondante, j’ai quelques souvenirs, je revois mon papa et mes oncles faucher le pré comme autrefois.
Mon grand-père avait ressorti la vieille faux qui était accrochée dans la buanderie, bien au fond, et bien sûr en hauteur.
Il n’aurait pas fallu que l’un de nous pouvions l’attraper. C’était un outil très dangereux.
La faux était d’un autre âge, vous pensez bien. Sa lame n’avait pas servi depuis très longtemps.
Quelques « flash » me reviennent en mémoire. Je distingue très bien mon grand-père affûter la lame de la faux avec une pierre. Cette pierre de couleur grise, était tout en longueur, usée tant elle avait servi par nos aïeux.
Où, s’agissait-il de la pierre, avec laquelle, il affûtait son petit couteau. Mon grand-père avait un couteau ; son couteau, sa lame était si aiguisée qu’il ne restait qu’une moitié de son acier.
En faite, cette faux était magnifique. Un vieil outil, tout en bois, poli part l’usure du temps passé à couper, faucher les prés.
Il faut bien penser qu’à l’époque, les moissonneuses-batteuses n’existaient tout simplement pas. Tout se faisait à la main. Les villageois se regroupaient, passant de ferme en ferme pour faire les moissons.
Imaginez alors, l’outil passant de main en main tant le fauchage était pénible sous le soleil d’août.
Sa lame, légèrement galbée et recourbée, pointait en avant pour faciliter la difficile tâche de nos anciens. Cette dernière, une fois nettoyée et parfaitement affûtée, rendait encore une fois le service.
Couper l’herbe du pré de Papi.
Mes oncles et mon papa s’exécutaient, non sans rien dire. Les premières fois, cela était un jeu. Ressortir la vieille faux était pour eux un événement. Mais très vite, cela commençait à très vite les agacer.
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Mon frère et les belines, et oui ! |
La décision, l’idée d’y mettre des moutons, il me semble, est venue. Pourquoi s’embêter à faucher, quand une brebis pourrait faire le travail à notre place. C’est ainsi qu’une brebis et son petit est arrivé au pré.
Un éleveur, ou un paysan des environs amenèrent les bêtes. Aujourd’hui, il semble bien que papi connaissait une personne qu’il avait rencontrée au bar PMU de Chazelles sur Lyon.
Avant que les belines prennent possession des lieux, il fallait les parquer. Trouver les piquets et autres fils de barbelés. Était-ce le paysan qui avait fourni les matériaux ?
La chose ainsi faite, les brebis étaient là ! À paître durant nos vacances d’été.
Pour nous les petits, c’était un ravissement. Une maman brebis et son petit. Nous leur donnions du pain sec qu’il restait de nos repas. Rien ne devrait se perdre. L’occasion était trop belle, je nous revois, mes cousins et cousines, donner à manger au mouton. Au début, il faut bien avouer que nous en avions un peu peur.
Mon oncle Jeannot venait souvent avec moi, il me disait :
« Tu viens, on va donner aux belines »
Jeannot me prenait par la main. Moi, j’avais, bien sûr, un gros morceau de pain qui était destiné aux belines.
« Je vous le jure, j’en ai un souvenir très précis »
Très vite, les brebis grossissaient. Leur enclos devenait trop petit, il fallait bien plus d’herbes fraîches pour les nourrir.
Des discussions, parfois houleuses avec mon grand-père, avait lieu. Il fallait trouver un moyen pour que les belines mangent plus ! Mon grand-père avait déjà pris sa décision ! Il était une personne très têtue.
Comment ça, ouvrir aux brebis l’entièreté du pré ? Il va y avoir des petites crottes de partout, comment va-t-on faire avec nos caravanes ? disaient les locataires des caravanes.
Mais papi ne voulait rien savoir, le pré allait être ouvert aux belines. Les piquets et barbelés furent retirés.
« Les brebis étaient à présent parmi nous ! »
Nous, les enfants, on était très heureux de les voir paître au milieu des caravanes. Bien au contraire, c’était génial !
Nos parents, eux, faisaient avec, ils prenaient soin de ne pas marcher dans les crottes. D’autant plus qu’ils étaient très souvent pieds nu, un peu comme l’auraient fait les manouches.
Tous les matins, ils étaient réveillés aux aurores. Les brebis venaient se débourrer en se frottant sur les caravanes. Cela avait le don d’énerver mes parents et mes oncles.
« Les garces, elles nous ont réveillés de bonne heure »
Nous et mamie, nous en rigolions. Les belines faisaient partie de la famille, de notre quotidien. Elles étaient curieuses, dès que l’un d’entre nous approchait, elles venaient à notre rencontre. Il faut dire qu’elles étaient très bien nourries grâce au « quignon » de pain que nous nous chargions de leur apporter.
De temps à autre, elles se dressaient sur les pattes arrière pour se régaler des branches des cerisiers. Elles étaient très friandes des feuilles, si bien, que de-ci de-là, les branches qui se trouvaient à leurs portées en étaient dépourvues.
…
Puis, un grand malheur arriva !
Sommaire
- La maison du bonheur...
- Les jeux de cartes
- Capitale mondiale du chapeau
- La rue vieille
- Virigneux village de mon enfance
- Des champignons et les escargots
- La maison familiale de Virigneux
- Un jardin merveilleux et son pré
- Les caravanes
- La mer et ses activités
- Les mois de juillet à Virigneux
- Les cabanes
- Le soir venu, les histoires de Mamie Chazelles
- Le "Brozou" ?
- La casquette de Papi Louis
- Sur la route de Saint Martin Lestra
- Les grenouilles
- Les "belines"
- Dire aurevoirs aux brebis
- Le Méchoui
- Papi Louis nous aime
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