Souvenirs de l' Unposter Page 14
Le soir venu, les histoires de Mamie Chazelles
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Mamie Chazelles - Marie-Antoinette VENET |
Les histoires de mamie Chazelles, elle seule savait nous les conter. Ne riez pas, même nos parents, l’air de rien s’y laissaient prendre.
Cela, comme vous pouvez l’imaginer, aiguisait notre imagination. De plus, mes cousins et cousines et moi étions nombreux. Cela rajoutait, excitait nos petites bêtises d’enfants, sans compter que notre grand-mère était d’une complicité sans faille.
Après nos aventures à courir d’ici de là, le soleil baissait lentement. Il était pour nous, le temps de retrouver le chemin de la maison de Virigneux.
Mamie aidée de mon oncle et de ma tante Monique avait préparé le souper. Ce repas était vite avalé tant nous avions faim. La table ensuite débarrassée et lavée, nous nous installions mes cousins et moi pour jouer aux cartes.
Le Tonkin était un jeu que nous aimions particulièrement, mais il y avait aussi le jeu des sept familles !
Mon grand-père qui depuis longtemps était déjà monté se mettre au lit, commençait à se mettre en colère. Il faut tout de même que je vous précise ; que la chambre où dormaient nos grands-parents était juste au-dessus de nos rires. Le plancher était fin et laissait s’envoler nos éclats de joie jusqu’à ses oreilles.
Il n’était pas rare, voir très fréquent qu’il nous grondait, criant :
« C’est pas d’abord fini c’est vie de patachon »
Ma grand-mère riait, car tous les soirs c’était les mêmes rituels. Nous tous, on voyait le bonheur dans ses yeux et son visage à la lueur de notre épanouissement, l’a réjouissait. Elle était simplement heureuse.
L’horloge, elle, sonnant l’heure d’aller nous coucher, nous disait :
« Bonne nuit les petits. »
Mais, nous, on attendait tous les histoires de mamie Chazelles.
Quelques fois, les histoires commençaient en bas dans la grande cuisine, bien avant que l’on monte se coucher. Nos parents étaient également présents.
Certains disaient à mamie :
« Ce n’est que des histoires à dormir debout ! »
Ma grand-mère leur répondait, sur un ton très sûr d’elle ne laissant aucune ambiguïté.
« Mais pas du tout, c’est madame Mat’lin qui me l’a expliqué. Elle tient cette histoire de sa grand-mère. »
Mais, se faisant passant, l’histoire commençait, et tous, y compris nos parents s'y laissaient prendre. Ma grand-mère, notre mamie était une conteuse hors pair. Elle vivait son histoire, y mettant toute son âme. C’était extraordinaire !
Puis, avant qu’elle ne finisse son histoire, nos parents nous demandaient d’aller nous coucher.
- Il est maintenant tard, il est temps à d’aller au lit !
Les uns derrière les autres, nous prenions place dans nos lits. Nous étions tous à plusieurs dans le même « padoc ». Un minimum de deux, voir trois tant les places étaient chères.
Par ma part, je dormais très souvent avec Fred ou son frère Phil. Ce dernier, bien emmitouflé sous les draps remontés jusqu’aux oreilles, disait :
« Bien chaud, bien chaud ! »
Nous revoilà tous et toutes installés confortablement au fond de nos lits. Les volets étaient tous fermés et les lumières éteintes.
Mamie allait finir son histoire qu’elle avait commencée un peu plus tôt. Mais, avant de finir de raconter son histoire, mamie allumait alors sa lampe électrique. C’était systématique !
Vous vous souvenez, je vous en ai déjà parlé ! Mamie détestait les araignées, elle en avait horreur. Alors, elle parcourait à l’aide du faisceau lumineux le plafond de la chambre n’espérant jamais en apercevoir. Mamie passait en revue toutes les poutres, chaque recoin n’était oublié.
Si par malheur, une araignée, ou toute autre chose s’en approchant, pointait le bout de son nez, c’était une catastrophe.
Nous, nous étions sous nos draps éclatant de rires. On essayait bien de cacher, étouffer nos gloussements, mais c’était vraiment impossible. D’autant que mamie Chazelles avait vraiment très peur, elle parlait si fort, que l’on savait tous que cela allait finir par réveiller notre papi qui était juste à côté de mamie.
Mamie disait :
« J’en vois une, ho ! Mon Dieu, il faut s’en débarrasser ! »
C’est alors que nous entendions les ressorts du sommier du lit de mes grands-parents grincer. On savait tous ce qui allait arriver !
Et ce qui devait arriver arrivait à chaque fois.
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Papi Louis Venet mon grand-père assis sur la croix de mission. Virigneux |
Mon grand-père était réveillé :
« Ce n’est pas d’abord fini cette comédie ! »
Mamie ne se laissait pas impressionner par mon grand-père. Et croyez-moi, c’était un personnage mon papi ! Elle lui tenait tête, avec un aplomb incroyable. Et lorsque la petite dispute était finie, elle nous disait qu’elle finirait de nous conter son histoire le lendemain soir.
Qu’est-ce qu’on pouvait rigoler ! À vrai dire, en écrivant ses quelques lignes, j’en rigole à en pleurer !
Sommaire
- La maison du bonheur...
- Les jeux de cartes
- Capitale mondiale du chapeau
- La rue vieille
- Virigneux village de mon enfance
- Des champignons et les escargots
- La maison familiale de Virigneux
- Un jardin merveilleux et son pré
- Les caravanes
- La mer et ses activités
- Les mois de juillet à Virigneux
- Les cabanes
- Le soir venu, les histoires de Mamie Chazelles
- Le "Brozou" ?
- La casquette de Papi Louis
- Sur la route de Saint Martin Lestra
- Les grenouilles
- Les "belines"
- Dire aurevoirs aux brebis
- Le Méchoui
- Papi Louis nous aime
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