Souvenirs de l' Unposter Page 15
Le "Brozou" ?
![]() |
Les jumeaux, André dit Dédé et mon père Jacques dit Jacky encadrant Jacky Grange |
Les journées passaient très vite, nous étions constamment dehors à parcourir les alentours du village. Malgré nos sorties quotidiennes, l’ennui nous guettait ! Et bien oui, la disparition de notre chêne nous avaient vraiment touché.
Mamie l’avait bien remarqué, observant nos allez et venus incessantes. Tantôt nous étions dans la cour où bien encore dans le pré à faire des bêtises. Quelques fois, nous nous « chamaillions » si fort, que nous nous en venions presque à nous bagarrer.
Nos parents n’arrêtaient pas de nous dire, mais surtout Papi :
« Qu’ils sont penables »,
en patois, voulant dire, qu’ils sont pénibles, polissons! »
Ayant grandi, aujourd’hui étant un papa moi-même, je pense que mamie réfléchissait. Comment occuper ces garnements ?
Elle-même, tellement nous étions polissons, se mettait à dire :
« Mais, ils ont le diable au ventre ! »
Mamie, en disant ces quelques mots, nous faisait beaucoup rire.
Les soirées suivantes n’étaient pas tout à fait comme les autres. Mamie avait changé. Non, pas en mal, cela ne risquait pas d’arriver tellement elle nous aimait. Je veux dire que les histoires, la tournure de ces récits n’étaient plus tout à fait comme d’habitude.
![]() |
Mamie Chazelles |
Égale à nos petits rituels, mamie Chazelles commençait le début de ses histoires extravagantes en bas dans la grande cuisine.
L’histoire commençait ! Juste avant, nous avions tous bu notre « brozou ».
« Je vois très bien vos interrogations ! Vos recherches sur le net ! »
À vrai dire, rien ne sert de faire une recherche. Vous ne trouverez nulle trace de « brozou », à part dans notre famille Venet !
Je me dois de vous en expliquer la signification. Mais, il faut que je vous mette dans l’ambiance des lieux.
Et oui ! Alors, tout commence les matins. Ou plus exactement le tout premier jour, l’arrivée à la maison familiale de Virigneux. En effet, mamie ou un adulte allait rendre visite à la ferme qui se trouvait juste au-dessus de la maison. Il était facile de s’y rendre, la ferme était sur la route de Haute Rivoire à quelques pas.
Bon, il est également intéressant de vous préciser que cette route montait légèrement.
Ce détail est important, rappelez-vous, nous étions des jeunes enfants.
Je vous disais donc qu’une personne allait rendre visite à cette ferme. Ces lieux n’étaient pas tout à fait étranger à notre famille. Un des enfants de notre mamie en avait épousé une des filles des agriculteurs.
Pierre, qui, bien des années auparavant, avait lui aussi avait été un petit garçon, comme nous l’étions aussi à cette époque. Il avait côtoyé Virigneux bien avant nous, et en connaissait tous ses habitants, dont sa future épouse Hélène.
Des petits veau, mais aucunement de vaches laitières ! |
La ferme abritait une écurie avec des vaches laitières, la famille avait l’habitude d’acheter le lait frais directement sorti du pi des vaches.
Dès le premier jour, le lait était en quantité le matin. Mais, les jours suivants, nous étions très souvent désignés pour monter à la ferme pour y acheter le lait.
C’était une tâche délicate pour certains ! Les fins d’après-midi, juste après, ou même pendant la traite des vaches, nous allions acheter le lait pour le lendemain matin. Je me souviens très bien qui était de l’expédition. Phil, Fred, Babas, Fab, Fane et moi montions à la ferme de monsieur et madame Bonhomme.
Certains d’entre nous n’en menaient pas « large », nous étions tellement impressionnés par la chienne de la ferme, nous en avions un peu peur.
Mais, c’était notre mission ! Lorsque nous arrivions, Belle nous avait déjà sentis. Elle savait qui montait chez elle. Elle nous reniflait les uns derrière les autres, surtout ceux qui en avaient le plus peur ! Belle nous donnait son bonjour à ça façon.
Madame Bonhomme nous disait rentrées, n’ayez pas peur, elle n'est pas méchante. Comment dire, oui elle n’était pas méchante, mais elle imposait de sa présence, de plus, c’était une Berger Allemand, « un loup ! »
Les premières fois, la fermière nous accompagnait à l’écurie où se trouvait les vaches. Belle nous suivait elle aussi ! Nous ne la quittions jamais du regard.
L’écurie était de l’autre côté de la ferme séparée par une cour, dont le sol était recouvert de pierres.
L’écurie sentait le foin coupé, les vaches étaient là, bien alignées de part et autre du bâtiment. Au milieu, monsieur Bonhomme s’activant auprès de ses bêtes. Nous, également bien alignés, nous attendions, jetant sans cesse des coups d’œil pour voir où était Belle.
Notre tour était venu. Madame Bonhomme se dirigeait vers les biches à lait. Elle nous remplissait, avec l’aide d’un petit entonnoir, une à une les bouteilles en verre de limonade, dans lesquelles nous étions chargés de ramener à la maison.
Nous voilà, tous sur le retour de la maison. Belle, la chienne était à présent derrière nous.
Rappelez-vous, la route montait pour aller à la ferme, descendait à présent. Il n’en fallait pas plus pour nous, d’y entrevoir, dans cette descente, un jeu.
Oui un jeu, et quelles rigolades ! À vrai dire, je ne sais plus exactement qui en avait eu l’idée, peut-être Babas ? Et oui, encore lui !
Tout au long du chemin qui reliait les deux demeures, nous nous amusions à faire rouler les bouteilles remplies de lait. Parfois, mais rare, une bouteille n’arrivait pas entière à la maison, se brisant sur le goudron de la route. Quant à l'autre bouteille de lait s'était transformé en beurre ...
Nous devions donc remonter à la ferme pour refaire le plein de lait.
La préparation de notre collation, de notre « brozou » pouvait ainsi commencer. C’est mamie Chazelles qui nous en avait parlé. Étant petite, elle aussi se régalait de ce mets délicat !
La recette familiale est très simple. Il suffit juste d’un peu de lait cru versé dans un bol, et d’y adjoindre des petits morceaux de pain du jour ou de la veille. Le tout bien mélangé fait trempette, le pain se gorge alors du lait frais et c’est un délice d’enfant inoubliable.
L’histoire pouvait enfin nous être contée. Tous bien installés dans les draps de nos lit.
L’histoire pouvait enfin nous être contée. Tous bien installés dans les draps de nos lits.
Mamie avait, comme on dit « changer son fusil d’épaule ». Ses histoires jusqu’à présent nous emmenaient dans des lieux insolites, et les personnages nous étaient complètement étrangers.
Elle avait désormais pris la décision de nous inclure dans ses histoires. Tantôt une histoire parlait de moi et de mon frère. Les soirées suivantes, le tour de mes cousins et cousines était venus.
Comment pouvait-elle avoir toute cette imagination ? Comment faisait-elle ?
Cela renforçait, décupla nos journées de jeux d’enfants.
Cependant, le soleil pointant le bout de son nez, papi et nos parents étaient réveillés. Tout ce petit monde se dirigeait vers la cuisine, pour faire le petit déjeuner. Mais, tous disaient :
« Ce n’est pas possible, il n’y a plus de lait. »
Je pense que monsieur et madame Bonhomme n’ont jamais autant vendu de lait, quand nous étions à Virigneux !
Sommaire
- La maison du bonheur...
- Les jeux de cartes
- Capitale mondiale du chapeau
- La rue vieille
- Virigneux village de mon enfance
- Des champignons et les escargots
- La maison familiale de Virigneux
- Un jardin merveilleux et son pré
- Les caravanes
- La mer et ses activités
- Les mois de juillet à Virigneux
- Les cabanes
- Le soir venu, les histoires de Mamie Chazelles
- Le "Brozou" ?
- La casquette de Papi Louis
- Sur la route de Saint Martin Lestra
- Les grenouilles
- Les "belines"
- Dire aurevoirs aux brebis
- Le Méchoui
- Papi Louis nous aime
Commentaires
Enregistrer un commentaire