Les Histoires de Mamie Chazelles Camille en 1795

 Camille

Auteure Marie-Antoinette VENET 

Crédit photo : R.Venet
Écriture de Mamie Chazelles 


... en 1795,

En cet été de 1795, un homme, déambulait dans les rues de Paris, mal éclairé ; il était vraisemblablement épuisé ; cette rue paraissait tranquille et ; choisissant une encoignure d’une porte cochère, se laissa choir lourdement, et s’endormit.


Je fût réveillé par un groupe de jeunes fort excités qui criaient :

« Le dauphin est mort, le dauphin est mort ! »

Mathieu s’assit sur son céans ne sachant pas bien où il était. Mathieu était l’homme qui s’était endormi, il voulait rentrer chez lui près de Lyon, et ne savait pas comment sortir de Paris, des patrouilles de soldats pouvaient vous arrêter et il n’avait pas envie de se retrouver à croupir au fond d’un cachot. Pourtant, il fallait qu’il essaye de franchir une des portes sans se faire remarquer.

Soudain ! Un homme surgit tenant par la main, un enfant, s’approchant de Mathieu, il lui dit :

« Que fais-tu ici ? »
« Rien ! répondit Mathieu, je veux partir, retrouver mes parents. »
« Où sont-ils, tes parents ? »
« Près de Lyon, plus exactement dans un petit village. »
« Je te fais un marché, je te fais sortir de Paris et en compensation, tu enmènes avec toi Camille ! »
« Qui est Camille ? demanda Mathieu. »
« Ce garçon qui m’accompagne, tu t’occuperas de lui, tu as une ferme ? »
« Oui ! alors se sera ton berger où valet comme tu veux. »

L’examinant de plus près Mathieu dit en hôchant la tête :

« N’est-il pas malade ? ce moutard. »
« Non ! un peu délicat, mais l’air de la campagne lui fera du bien ; pour tout le monde c’est ton neveu, surtout tiens ta langue, car il t’en coûterait cher. As-tu compris ? »
« Un moutard comme celui-là ne mange guère et de plus, il t’aidera dans ton travail de la terre et c’est bien la première fois qu’un manant comme toi, sera servi par un Roi, ceci-dit en riant.

Mathieu regarda le gamin qui l’air hébété ne disait mot.

« Quel âge a-t-il ? »
« Oh ! je ne sais pas ! dix ans peut-être ! »
« Est-il muet ? »
« Non ! mais je crois qu’il a perdu la mémoire ; il a dût assister à des scènes qu’un enfant ne peut supporter, surtout de la nature délicate comme lui. »
« Alors ! acceptes-tu ? Oui ou non ? »
« J’accepte ! bon ! je reviens ! attends-moi. »

Il disparut à l’intérieur de la porte cochère pour réapparaître presque aussitôt avec un attelage, un baudet et deux caisses vides,

« Tiens, je te le donne aussi, il te servira, je t’accompagne un bout de chemin pour sortit de la ville ; »
« Nous sommes des maraîchers, je parlerai aux gardes, toi ne dis rien ; »

Ainsi fût fait, ils passèrent sans encombre, ils rencontrèrent différents groupes d’excités. Le gamin avait de la peine à marcher, aussi le jucha-t-on sur le char, il était vêtu d’un justaucorps.

Ils marchèrent ainsi un bon bout de temps et après quelques lieues, l’homme dit à Mathieu :

« Je te laisse ici, fais bonne route, et n’oublie pas ; Camille est ton neveu. »
« Oui ! répondit celui-ci »

Alors l’homme prononça ces mots énigmatiques :

« Je n’ai pas l’étoffe d’un bourreau et murmura, va Louis, ainsi tu connaîtras ton peuple »
« Que dis-tu ? demanda Mathieu. »
« Oh ! rien … adieu l’ami que Dieu vous garde ! »
Crédit photo : R.Venet

Mathieu, au bout d’une heure environ, s’approcha du petit garçon endormi, une larme était encore sur sa joue, et Mathieu pris pitié de cet enfant avant de les quitter l’homme lui avait donné un pain et une gourde de vin, il but un coup, l’enfant se réveillait, s’assis sur son céans ;

« Où sommes-nous ? demanda-t-il ? »
« Ne t’en fais pas ! tu ne crains rien Camille, tu verras, quand nous serons arrivés chez nous, tu pourras te restaurer et te reposer, en attendant, manges un peu de pain, veux-tu boire un peu de vin ? »
« Non ! répondit le gamin, de l’eau je t’en prie, j’ai soif. »

Visant une femme, portant une cruche, Mathieu l’interpella :

« Oh ! citoyenne ! peux-tu me donner un peu d’eau pour mon neveu, il n’en peut plus, il meurt de soif. »

Elle s’approcha de l’enfant et lui donna à boire caressant son front.

« Où vas-tu ? Avec ce môme ? »
« Nous repartons chez nous, près de Lyon dans un petit village à Saint-Martin, mes parents ont un lopin de terre qui nous permet de ne pas mourir de faim. »
« Bon voyage à tous les deux, tu as encore beaucoup de lieues à faire, évite les mauvaises rencontres, il y a des bandes de pillards, qui volent, tuent sans scrupule, prend les petits chemins c’est plus sûr. »
« Merci ! citoyenne. »

Et l’on reprit la route « cahin-cahai », chemin faisant Camille, qui avait grimpé sur la carriole, s’endormit. Mathieu le regardait, en hôchant la tête, il murmura :

« Tu ne seras pas malheureux chez nous, tu sais ! la mère est si bonne ! si charitable ; pas un mendiant qui vient frapper à notre porte s’en va, s’en avoir mangé, bu et emporter un petit quelque chose. »
Oh ! le père est plus bourru, mais ne t’en fais pas le môme, il ne te mettra pas à la rue.

L’on approchait d’une ville, Mathieu était inquiet, il y avait encore pas mal de lieues à faire avant d’arriver à Saint-Martin, et tellement de dangers. Deux hommes approchèrent du piteux attelage, jetèrent un œil et découvrant l’enfant endormi dirent à Mathieu :

« C’est le tien ? »
« Non ! mon neveu, il est fatigué, il dort. »
« Tu vas loin ? »
« À Saint-Martin, près de Lyon. »
« Que vas-tu y faire ? »
« C’est chez moi ! mes parents m’attendent et lui aussi, montrant Camille. »
« Ils sont paysans ? »
« Oui ! métayer du Seigneur du lieu ; je pense qu’il y a des choses de changées depuis. »

Les deux hommes se mirent à rire, d’un rire cynique et lui répondirent. Ce n’est pas fini, il y beaucoup à faire, et lui tapant sur l’épaule lui souhaitèrent bonne route.

Il arriva près d’une petite bourgade à la tombée du jour, l’enfant avait faim, il geignait doucement, et il avait son estomac qui demandait un peu de nourriture. Avisant une pauvre chaumière, il s’en alla ouvrit et se mit à trembler en apercevant un inconnu.

« Ne craignez rien, lui dit-il ! je m’appelle Mathieu, mon petit-neveu est malade, il a faim et soif, nous avons fait une longue route, même le baudet est épuisé. »
« Vous venez de loin ? »
« De Paris ! lui répondit-il. »
« De Paris ! elle se signa et tout de suite, elle eût un air affolé. »

Alors Mathieu sourit et lui dit :

« N’ayez pas peur, je ne suis pas de ceux qui chassent les curés. »
« Rentrez ! », leur dit-elle, avant dételer votre baudet et mettez-le à l’étable, je n’ai plus qu’une chèvre.
Crédit photo : R.Venet

Elle sortit de la hûche, près de la table un morceau de pain, et tirant un tiroir de la même table une assiette ; où il y avait deux fromages. Elle coupa, une grosse tranche de pain à Camille et à Mathieu, et aussi un bon morceau de fromage, c’était un moment indescriptible. Camille épuisé mangeait quand même ce repas frugal, avec joie, et Mathieu aussi. Elle sortit une cruche qu’elle remplit d’eau avec une louche du seau pendant à un clou près de la porte.

« Je n’ai pas de vin dit-elle à Mathieu, mais tout à l’heure, vous boirez un bol de lait de ma chèvre, vous pourrez coucher ici, montrant une petite chambre.

Il y avait un lit.

« Et vous continuerez votre chemin, quand vous vous serez reposé. »
« Merci dit Mathieu, les larmes aux yeux, vous me rappelez ma grand-mère. »

Le matin, après avoir bu un bol de lait avec un morceau de pain, Mathieu attela le baudet qui était tout frétillant. Il avait mangé, lui aussi, de la luzerne coupée pour lui, et elle leur donna plié dans un morceau de toile rugueuse, du pain et du fromage.

Mathieu lui dit en la remerciant :

« Je n’oublierai jamais grand-mère, comment ? »
« Gertrude »,

et elle embrassa Camille ajoutant,

« Prends bien soin de lui Mathieu. »
« Je te le promets »,

et ils reprirent leur route.

Le soleil était déjà haut dans le ciel, quand Mathieu décida de faire une petite halte à l’ombre d’un chêne :

« J’ai soif murmura Camille. »
« Un peu de patience, je demanderai de l’eau à la prochaine chaumière que nous apercevrons.

Un petit bruit arrivait jusqu’à eux, un bruit d’eau, comme celui d’un ruisseau, Mathieu s’avança un peu sous la futaie et découvrit entre les gros rochers, une source claire, fraîche.

« Viens dit-il a Camille, viens boire, il y a de l’eau et l’enfant bût en disant. »
« Elle est bonne, tu es gentil Mathieu. »
« Ne suis-je pas ton oncle ? » demanda Mathieu.

Il secoua la tête pour dire non.

« Alors ! comment m’appelles-tu ? »
« Charles » répondit le gamin.
« Charles ! pourquoi l’homme m’a-t-il dit que c’était Camille ? »
« Mais maintenant, je m’appellerai Camille, Mathieu, parce que !!! Et il se mit à pleurer, la tête entre ses mains. »

Mathieu, ému, le prit dans ses bras et lui dit :

« Charles ou Camille, personne ne te fera de mal maintenant que tu es avec moi, je te le promets. Ne me dis rien, tes souvenirs te font de la peine, essaye d’oublier, quand nous serons chez nous, tu auras une famille. Oh ! tu sais nous ne sommes pas riches, mais tu mangeras quand même à ta faim, et surtout, tu seras à l’abri de toutes ces violences que tu as vécues pauvre môme ! dans ce Paris agité par la folie. Nous approchons du but, ce soir nous serons à la maison, nous coucherons dans un lit et la mère nous fera une bonne soupe au lard. »

Mathieu souriait en évoquant ce retour, il était parti enrôlé de force dans un bataillon marchant sur la Capitale. Il avait assisté à des scènes d’horreurs, il se souvenait des cris, des piques où des têtes ensanglantées étaient plantées, on avait arrêté le Roi fuyant avec sa famille à Varennes, emprisonné aux Tuileries, et le peuple qui avait cru, vivre heureux et qui ne connaissait que l’horreur, fuir, fuir à tout prix la ville et sa misère et se terrer chez lui dans son village, et ce môme qui est-il ?

L’homme qui me l’a confié n’était pas un mauvais bougre, je n’ai pas bien compris son langage, mais il voulait surement protéger cet enfant, et en me le confiant, j’ai eût l’impression, qu’il lui sauvait la vie.

Crédit photo : R.Venet

Camille, mon neveu, faire accepter cela à ma mère se sera assez facile, mais au père se sera plus difficile, à la grâce de Dieu. Si il m’a mis Camille sur mon chemin, il avait ses desseins et ils sont impénétrables. Mathieu est confiance. À la tombée du jour Mathieu aperçut enfin le clocher du village, sur la colline voisine, il était harassé de fatigue, Camille somnolait sur le char et le baudet ralentissait le pas, lui aussi.

Courage « bodichon », il l’appelait ainsi, tu auras bientôt une litière propre, de l’avoine, et tu auras fini tes pérégrinations. Un peu plus loin que le clocher, dans le creux du vallon, était la chaumière de Mathieu. Les Martin des Pins, le soleil avait disparu à l’horizon et peu à peu le crépuscule envahissait le paysage. Autrefois se dit Mathieu, on aurait entendu sonner l’angélus, mais les cloches se sont tues, et le curé François a dû s’exiler, trouver refuge de-ci de-là.

« Comment est le village ? que vais-je apprendre ? »

Laissant le village à droite, Mathieu prit un chemin entre deux haies, et arriva bientôt à proximité de la chaumière de ses parents. Un chien aboya, Mathieu reconnut Médor, et Médor aussi reconnu Mathieu et son aboiement changea en plaintes de tendresse.

Mathieu poussa la porte de la cour, une simple palissade en bois fermée par un loquet et Médor courût et sautant de joie aboyait frénétiquement ce qui attira sur le pas de la porte le père Jean ainsi appelé, par tous.

« Qui va là ? dit-il d’une voix forte ! »
« C’est moi ! Mathieu. »
« Mathieu ! et apercevant l’attelage, ou as-tu trouvé cela ? d’où viens-tu d’abord ? »
« De Paris. »
« De Paris !!! Rentre mon garçon, tu dois être fatigué. »
« Assez père, mais je ne suis pas seul. »
« Que veux-tu dire ? »
« J’ai Camille, un enfant, c’est mon neveu. »
« Mais ! tu n’as pas de neveu, à ma connaissance ! ton frère aîné n’a qu’une fille ! qu’est-ce que cette histoire ? »
« C’est en effet une longue et triste histoire, je vais te l’expliquer, mais je ne tiens plus debout. »

Alors, la mère qui était sortie se précipita vers Mathieu :

« Mon petit, mon petit, oh ! Mathieu, Dieu t’a ramené, j’ai tant prié ! »
« Tais-toi ! dit le père, tu sais qu’il ne faut pas prononcer ces mots-là. »

Mathieu, après avoir embrassé sa mère et donné l’accolade à son père, prit dans la carriole Camille dans ses bras, il ne c’était pas réveillé et dans ce sommeil de l’innocence, il était et paraissait encore plus abandonné.

Porte le sur le lit, dans la cuisine, laissons le un peu dormir, je vais préparer pour vous faire manger, je comprends que vous aillez faim. Le père ne dit mot, mais une fois à l’intérieur, la mère servit à Mathieu une bonne assiette de soupe fumante et en conserva autant pour le petit.

Mathieu mangea goulument cette soupe, il avait tellement faim, la mère lui coupa un morceau de lard, une tranche de pain, de cette tourte cuite dans leur four, et tout lui revint en mémoire, sa petite enfance, et ce départ forcé avec ces hommes, où le père ne pût rien dire par crainte de représailles, sa mère pleurant dans un coin, toute tremblante et Médor pleurant, geignant dans sa niche.

Quand il fût rassasié, son père s’en alla prendre derrière le fagotier adossé à la chaumière une bouteille de vin caché, et lui offrit un grand verre, qu’il bût lentement en finissant avec un fromage, ce frugal repas.

À ce moment, Camille se réveilla, et appela doucement :

« Mathieu ! Mathieu ! »

Ne crains rien lui dit celui-ci, en s’approchant de lui,

« Viens manger un peu, tu as faim ? »
« Oh ! oui » répondit l’enfant.

On s’installa à table, et la mère apporta la soupe fumante, qu’il mangea d’un bon appétit, elle coupa aussi un morceau de lard, qu’il mangea aussi avec sa tranche de bon pain de froment, il bût de l’eau fraîche, et la mère lui donna une pomme ce qu’il le fit sourire, après avoir mangé, il retourna s’étendre sur le lit et se rendormit, la mère dit alors :

« Laissons-le reposer, demain il sera mieux, il est fatigué, mais toi Mathieu dis-nous un peu, comment ? Et par qui ? Cet enfant est avec toi. »

Mathieu expliqua par le début, comment il avait pût sortir de Paris, grâce à cet homme, mais en compensation, il fallait qu’il enmène Camille et qu’il proclame à tout le monde que c’était son neveu.

Oui dit le père, ici tout le monde sait bien que tu n’as pas de neveu.

Moi dit la mère, je peux avoir un neveu, je ne suis pas d’ici, personne ne connait ma famille, c’est un neveu à moi.

Bien, répondit le père, alors c’est arrangé, c’est notre neveu, le baudet trouva aussi une bonne litière et de quoi étancher sa soif et manger.

Mathieu expliqua encore à ses parents toutes les horreurs qu’il avait vu.

« Qu’as-tu fait ? Toi Mathieu avec ces hommes ? »
« Rien, je les suivants me cachant le plus souvent ne voulant pas prendre part à cette tuerie épouvantable, restant tapi dans un coin, où je passais inaperçu, ayant perdu ceux qui me commandais, j’errais cherchant comment je pourrais m’échapper et revenir jusqu’à vous, et je vous ai dit la suite. Je vais dormir, demain le père, je me mettrais au travail pour t’aider, au château le Marquis est-il toujours là ?
« Non, répondit la mère, ils sont tous partis une nuit. »
« Sont-ils arrivés à destination ? »
« Nul ne le sait ? »
« Où allaient-ils ? » demanda Mathieu.

En Angleterre, répondit le père, d’un geste vague le château à été pillé, l’église ravagée, les saints en bois brûlés, les autres cassés, nous avons pût en sauver un, et nous l’avons caché au grenier sous la paille.

Lequel demanda Mathieu :

« Saint-Roch » dit la mère, il nous protègera, il est en bois et si joli.
« Oui, je me souviens » répondit Mathieu

Mathieu tombait de sommeil, s’allongeant près de Camille, il s’endormit profondément. Le matin, Camille se réveilla, parce qu’un rayon de soleil venait le taquiner sur le bout du nez, il lui fallait un certain temps pour réaliser où il se trouvait. La mère de Mathieu s’activait près de la cheminée où un feu de bois pétillait, par la fenêtre ouverte, on entendait le coquettement des poules et un coq fît entendre son chant, dans ce clair matin, Camille doucement c’était levé, sans réveiller Mathieu, la mère, l’apercevant lui dit :

« Bonjour Camille » et s’approchant l’embrassa tendrement ; alors le petit Camille, se serrant près d’elle se mit à pleurer.
« Ne pleure pas Camille » lui dit-elle,
« Viens vite manger un bol de lait pour commencer bien sucré avec le miel de nos abeilles, et ensuite une soupe, comme celle d’hier, elle était bonne ? » demanda-t-elle ?
« Oh oui ! » répondit le gamin.
« Tu m’appelleras tatan, tu es mon petit-neveu à moi et le cousin de Mathieu, tu veux bien ?
« Oui ! » répondit Camille.

Il déjeuna de bon appétit ensuite Jeanne, la maman de Mathieu, lui prépara un baquet avec de l’eau chaude, pour se laver.

« Vous avez négligé votre toilette, tout au long de cette grande route, voici des vêtements de Mathieu quand il avait à peu près ton âge, et une paire de sabots. »

Camille dit,

« Vous savez ma tante on se lavait tous les jours, soit à une fontaine, où dans une rivière. »
« C’est très bien, mais cela te délassera un peu. »

Le sentant gêné, elle lui dit :

« Tiens ! dans le fournil, c’est où il y a le four à pain et où je fais les fromages, tu seras bien pour faire ta toilette, personne ne te dérangera. »

Il enleva sa chemise qu’il déposa sur une chaise, alors Jeanne lui dit en riant :

« Pour le reste, tu le quitteras au fournil. »

Elle prit la chemise et eût un « Oh ! » d’admiration en découvrant la finesse de la toile, une broderie fine au cou et aux poignets, en l’examinant de plus près, elle palpa quelque chose qui se trouvait dissimulé dans une couture au bas de la chemise. Elle décousu l’endroit et alors ! … N’en croyant pas ses yeux, une médaille en or, à l’effigie de Louis XVI, sur une face, et d’une fleur de lys de l’autre.

Qui est cet enfant ? murmura-t-elle en joignant les mains, surement un enfant de la noblesse, il ne risque rien chez nous. Il mènera une vie de rustre, mais il sera à l’abri de ceux qui pourraient lui faire du mal.

Camille reparu transformé dans sa nouvelle tenue, un peu grande peut-être, mais Jeanne lui donna un cordon pour retenir le pantalon.

Je vais laver tes affaires Camille, tu as une bien belle chemise ? Je te la garderai précieusement.

« Oh ! je ne veux plus la remettre tante Jeanne, j’aurai bien trop peur que l’on me reconnaisse. » ; et à nouveau, les larmes coulèrent de ses yeux bleus.
« Qui es-tu ? mon enfant », demanda Jeanne et lui caressant ses beaux cheveux bouclés blonds comme les épis.
« Je ne suis plus rien tante Jeanne que votre neveu » ; elle le prit dans ses bras, et elle aussi pleurait.

Mathieu se réveilla à ce moment, et regarda en souriant le charmant tableau de Camille et de sa mère.

« Vous avez fait connaissance ? » dit-il.
« Oui ! » répondit Jeanne.

Dieu t’a confié cet enfant, nous en prendrons grand soin. Ce qui fût fait tout au long des années qui suivirent. Camille grandit heureux dans la famille Martin qui lui donna son nom.

Le règne de la terreur prit fin, mais les temps troubles continuèrent encore longtemps. Mathieu, c’était marié, et avait quitté la maison familiale. Le père était mort ; maman Jeanne vaillamment avait continué, aidé par Camille ; mais celui-ci préférait travailler, avec le forgeron du village, que de faire les travaux de la ferme ; Mathieu revint pour s’occuper des travaux avec sa femme et sa fille. La mère Jeanne pût enfin ! trouver un repos bien mérité.

Camille travaillait avec Pierre le forgeron du village qui était très content de lui, Camille était doué pour ce genre de travail, renommé très loin dans les travaux minutieux de serrures et de fer forgé. Pierre avait une fille Marie et les deux jeunes gens se marièrent un jour de printemps ; un fils naissait à la grande joie de ses parents et grands-parents, on l’appela Charles, à la demande de Camille, Mathieu fût le parrain et la femme de Pierre la marraine. Il était très beau le petit Charles, mais hélas, il mourût à l’âge de sept ans, ce fût un gros chagrin pour tout le monde.

Crédit photo : R.Venet

Quelques années après naissait une fille, que l’on appela Camille, elle était très belle de bébé elle devint une superbe jeune fille. Le père de Camille eût la douleur de perdre maman Jeanne et il eût autant de chagrin que Mathieu. Avant de mourir, elle avait demandé un prêtre et lui avait tout dit, concernant Camille, et lui avait montré la médaille et la chemise. Mon Père lui avait-elle dit Camille a le droit maintenant que ces temps troublés sont finis de retrouver sa vraie famille, je vous confie cela et qu’il fasse ce qu’il jugera bon de faire :

Quelques jours après l’enterrement, le Père Jean c’était le prêtre demanda à Camille de passer à la cure et il lui dit, en montrant ce que lui avait remis la maman Jeanne.

« Camille ! veux-tu connaître ton origine ? »

Camille réfléchis la tête entre les mains et relevant son front, il fixa le prêtre de ses yeux bleus en répondant :

« Non ! je ne veux pas, j’ai ma fille Camille, je veux la préserver de l’opulence, du luxe, de toutes ces intrigues, je veux qu’elle soit heureuse, comme je le suis ; un bonheur simple, mais un vrai bonheur ; mon Père croyez-moi Camille aura des enfants, je l’espère et eux aussi seront heureux, pour vivre heureux dit un proverbe,

Vivons cachés.

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