Les histoires de mamie Chazelles La dame en noir

 La dame en noir

Auteure Marie-Antoinette VENET 

Crédit photo : R.Venet


 À l’entré du village, près d’un chemin de terre, était une vieille masure entourée de ronces, le jardin envahit par les orties et les herbes folles ; l’on apercevait tout juste la cheminée.

Cette masure, les gens du village n’en parlaient jamais. Les plus âgés, quelquefois, remémorant le temps passé, disaient : 

« la maison du sorcier ».

Les enfants ne s’aventuraient pas et ne jouaient jamais dans ce coin, peut-être infesté de serpents ?

Nous étions la veille de Noël. Depuis quelques semaines, ce lieu maudit avait changé d’aspect, les ronces peu à peu coupées laissaient apparaître les murs, les volets de la maison peu défraîchis, ouverts, le jardin remué.

Chacun dans le village se demandait qui avait pu venir débroussailler. L’on avait jamais vu personne et l’on reparlait de sorcellerie.

Les plus jeunes en riaient :

« À notre époque, voyons ! il n’y a pas de sorciers. »

Les vieux hochaient la tête sans rien dire.
 Ce matin donc, le jeune Armand arriva en courant chez lui :

« J’ai vu, j’ai vu une dame en noir dans la maison du sorcier » ;

et la nouvelle se répandit. Tout le village défila dans le chemin, en ayant l’air naturel.
En effet, la dame en noir allait et venait dans le jardin ; grande, avec une voilette noire recouvrant son visage et ses cheveux.
Personne ne l’avait vu au village, ni l’épicier, ni le boulanger … bizarre tout de même.
Le soir de Noël, la maison brillait de lumières, comme si l’on faisait la fête à l’intérieur.

Les gens regardaient, écoutaient, mais n’entendaient rien.
Le maire, qui eut connaissance des faits, dit à ses administrés réunis :

" Nous n’avons pas à nous insérer dans cette affaire de maison mystérieuse, si mystère il y a. C’est fort possible que tout ceci soit naturel. Cette dame recherche peut-être la solitude. Laissons cela ! Si un jour un fait nouveau se produisait, alors ! nous verrions." 
Nous n’avons encore rien eu en mairie confirmant la vente, ou la location, ce qui est improbable.

Ceci dit : 

Attendons !

Et chacun sembla ignorer cette diversion dans leur vie quotidienne.
Mais un matin, la maison ferma ses volets, plus signe de vie. On dialoguait dans les rues du village :

« Elle est peut-être malade ? ou morte ? »

Le maire, à nouveau, intervint :

« Allons, c’est tout simplement qu’elle est repartie. »

Mais devant l’incrédulité des habitants du village, il prit l’initiative d’aller se rendre compte, suivi par tous les curieux.

Après avoir pénétré dans le jardinet, où tous les buissons et herbes folles avaient disparu, ils frappèrent à la porte de la maison.
N’obtenant aucune réponse, ils pénétrèrent à l’intérieur. La pièce était vide. Une table vermoulue, usée par le temps, occupait le milieu de cette pièce et, sur cette table, un paquet rectangulaire, plié dans un joli papier à fleurs bleues ; personne dans l’autre pièce adjacente.

Il n’y avait que deux pièces habitables. Il fallait se rendre à l’évidence :

« Il faut ouvrir le paquet »

Disait-on à l’unanimité. Ce qui fût fait.
Dans une boite : une poupée habillée de noir, avec une voilette recouvrant son visage.

Une petite fille, qui était là avec sa mère, s’écria :

« Oh ! la jolie poupée ! »

À cet instant, une flamme bleue jaillit !
Tous les gens présents s’enfuirent, épouvantés.

La flamme bleue se transforma en gerbes de flammes et tout brûla devant les yeux médusés des spectateurs.

Depuis ce jour-là, on peu voir à l’entrée du village un petit espace où l’herbe ne pousse plus et, dans le milieu, seule une fleur bleue fleurit chaque printemps.

Voici que prend fin une histoire, un récit, un conte, comme vous voudrez,
mais sachez que le mystère est, qu’il rôde autour de chacun de nous, même à notre époque.





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