Histoire de Mamie Chazelles "Il était une fois"
Il était une fois
Auteure Marie-Antoinette VENET
Histoire au coin du feu.
Il était une fois une petite fille qui aimait les histoires, les légendes, et qui, surtout, rêvait ! rêvait de contes de fées.
L'hiver, quand le vent soufflait en rafales, bien au chaud près de la cheminée, le feu de bois crépitait, le chat s'étirait avec délice et le chien, le museau allongé sur ses pattes, veillait ; au moindre bruit il grondait sourdement.
Les volets bien fermés, il faisait bon dans notre petite cuisine et le grand-père, alors, nous racontait ses voyages quand il était compagnon, menuisier, charpentier de son métier.
Ma petite chaise basse près de lui, ma tête appuyée sur ses genoux, j'écoutais avec ravissement. Tout d'abord la description des pays, des villages où il avait vécu, des coutumes des gens rencontrés. Il était resté assez longtemps dans la région de Toulouse.
Puis aussi, il savait raconter les histoires lues dans des livres d'images.
Celle que je préférais entre toutes était l'histoire de Pierre et Claudine, deux petits savoyards partis de leur Savoie natale pour Paris où un oncle les attendait :
Orphelins, ils étaient partis à pieds avec leur petit baluchon sur l'épaule, demandant asile sur leur passage dans des fermes, ou couchant à la belle étoile, blottis l'un contre l'autre.
Pierre était l'ainé et il se devait de protéger sa petite sœur.
Ils avaient déjà fait un bon bout de chemin. Claudine était très fatiguée, aussi dit-elle à Pierre : "Pierre, je t'en prie ! asseyons-nous, je ne peux plus marcher" et des larmes coulaient silencieusement le long de ses joues.
" Bien " dit Pierre en repérant un endroit abrité du vent.
C'était l'automne et, étalant sa vaste pèlerine noire sur le sol, il dit à sa sœur :
"Oui, repose-toi, Claudine. Je veille sur toit. Le premier village est encore loin, aussi passerons-nous la nuit ici. "
De sa musette il sortit un quignon de pain, un morceau de fromage et une pomme qu'il tendit à Claudine en lui disant :
"Mange, petite sœur, ensuite tu dormiras. Demain nous serons loin et après, avec l'argent qu'il nous reste, nous prendrons le train pour Paris."
"Mange, toi aussi, Pierre, partageons, veux-tu"
"Je n'ai pas faim," répondit Pierre. "Je suis plus fort que toi, mais il te faut prendre des forces pour finir notre voyage. "
Après avoir mangé, Claudine s'endormit très vite. Pierre veillait et ses pensées étaient tristes.
Il lui avait fallu quitter sa maison où sa mère venait de mourir. Son père était déjà mort il y a quelques années, il ne se souvenait que peu de lui. Claudine était un petit bébé et maintenant elle avait huit ans et lui, l'ainé, treize ans. Avant de mourir, sa mère lui a fait promettre de veiller sur sa sœur et, lui remettant les quelques pièces d'argent, elle lui dit :
"Je vais mourir, Pierre. Ne pleure pas. J'irai rejoindre ton cher papa. Prends cette lettre, cette modeste bourse. Cette lettre est pour ton oncle à Paris. Il travaille dans l'alimentation, il s'occupera de vous, mes chers petits. "
Puis, ce fut la veillée funèbre, l'enterrement. Une voisine charitable les avait accueillis puis, après quelques jours, demandant conseil au prêtre de sa paroisse du petit village savoyard, ils partirent. Le prêtre les embrassa, et les bénit, leur disant :
"Que Dieu vous protège."
Il leur avait donné un plan du chemin à parcourir jusqu'à Grenoble pour éviter les endroits dangereux où il y avait des précipices et aussi des bandits attaquant les diligences dans les routes de montagne.
La nuit, peu à peu, étendait son voile sombre, recouvrant la campagne. Des chiens, au loin, aboyaient dans les fermes. La première étoile, celle du berger, brillait dans le ciel.
Claudine dormait toujours et Pierre commençait à s'assoupir un peu quand, tout à coup, des bruits lointains se firent entendre puis, peu à peu plus distincts, des bruits de charrette et de chevaux et, au détour du chemin apparut une diligence tirée par quatre chevaux piaffants et trottant. Le conducteur les frappait de son fouet en criant :
"hop, hop", mais voilà que soudain, surgissant je ne sais d'où, des cavaliers, se jetant devant la diligence, faisaient stopper les chevaux ; d'autres, ouvrant les portières, faisaient sortir les voyageurs, dévalisant ceux-ci des malles chargées sur le dos des chevaux et, abandonnant les plus âgés, ils emmenaient avec eux deux des plus jeunes.
À ce moment, Claudine se réveilla et poussa un cri, que son frère ne put réprimer.
L'un des bandits les voyant les prit en croupe et le groupe s'enfuit vers les montagnes proches.
Après avoir longé un précipice, une grotte apparut à flanc des rochers.
Ils s'arrêtèrent un court instant et, reprirent leur marche à pied, tenant leurs chevaux par le mors.
Les enfants tremblaient de peur. Pierre se voulait d'être courageux, il fallait qu'il protège sa petite sœur.
Au bout d'un temps, qui leur parut long, ils virent un souterrain, un passage camouflé par des buissons et arbustes.
Les uns derrière les autres, ils marchèrent dans ce passage et aboutir enfin dans une grotte où se tenaient déjà plusieurs hommes à la mine patibulaire. L'un d'eux, qui devait être le chef, leur dit "Alors, le butin est bon ?" et découvrant les enfants, il dit :
"Et ceux-là ? Pourquoi diantre ! les avez-vous amenés ici ?"
"Ils nous avaient vus", répondit un des hommes "et nous avons pensé que leur présence plairait à Ludovic, il est bien seul."
"C'est vrai" rétorqua l'homme en s'attendrissant un peu.
Ludovic, un garçon guère plus âgé que Claudine apparut, venant d'un coin d'ombre.
"Qui c'est, ceux-là ? : "demanda-t-il."
Le chef dit à Pierre :
"D'où viens-tu ?"
"D'un petit village "
"Ton nom ?"
"Pierre"
"Qui est-elle ?" en désignant Claudine.
"Ma sœur, son nom est Claudine. "
"Où alliez-vous ? et que faisiez-vous, seuls dans la nuit et dans la montagne ?"
"Nous sommes orphelins et nous allions à Paris retrouver un oncle, seul parent qui nous reste. "
"Quel âge as-tu ?"
"Treize ans"
"Et ta sœur ? »
"Huit ans"
"Bien, vous resterez avec nous !!, et, montrant son fils"
Lui, c'est mon fils, Ludovic. Vous ferez en sorte qu'il soit content de vous, compris !
D'un geste de la main, il signifiait que l'entretien était terminé.
"Donnez-leur à manger" dit-il à une vieille femme qui avait pour nom Gertrude.
Celle-ci, peu avenante, leur servit une soupe chaude, des pommes-de-terre ; et leur dit, montrant un coin où il y avait des sacs à même le sol :
"Vous coucherez ici et je vous recommande de vous faire oublier le plus possible."
Les deux enfants, épuisés, s'endormirent.
Ce fut Pierre qui se réveilla le premier et alors, il comprit qu'ils étaient prisonniers des bandits.
Qu'allaient-ils devenir ?
La vie s'organisa. Les bandits partaient chaque soir et rentraient quelquefois qu'à l'aube, chargés de bagages, de victuailles, de pièces d'or. Quand le butin avait été satisfaisant, ils chantaient et buvaient.
Les enfants, apeurés, se tenaient dans leur coin.
Pierre avait un livre qu'il laissait dans sa poche ; c'était le curé du village qui le lui avait donné avant de partir. Pierre savait lire et il apprenait à sa sœur.
Ludovic, le fils du chef des bandits, lui demanda un jour :
"Que fais-tu avec cela ?"
"J'apprends à lire à Claudine"
"Pourquoi ?"
"Parce que lorsqu'elle saura lire, elle pourra comprendre la belle histoire qui est écrite."
"Tu veux m'apprendre à moi aussi ?"
"Si tu le veux bien." et c'est ainsi que Pierre apprit à lire aux deux enfants.
Un jour, Ludovic lui dit :
"Qu'y a-t-il au dehors de la grotte ?"
"Des arbres très beaux, des fleurs, des oiseaux et le soleil qui brille et réchauffe."
"J'aimerais voir tout cela, mais mon père ne voudra jamais !"
La vie continua. Claudine avait un teint de plus en plus pâle. La vieille Gertrude, revêche, sourde, ne parlait que peu et toujours rudement. Un jour l'on entendit un cri épouvantable, elle venait de se renverser de l'huile chaude sur le pied.
Pierre avait vu une femme de son village guérir les souffrances d'une brûlure, et elle lui avait confié le secret, n'ayant pas d'enfant à qui le donner.
Il s'approcha de Gertrude et, avec des gestes doux, ôta ses chaussures : des sabots, son bas. E1le cria, mais il l'apaisa de la voix. Ensuite, faisant le signe de la croix sur la brûlure, il récita la prière apprise et, peu à peu, la douleur s'atténua et la rougeur déjà formée disparut.
Les bandits, qui s'étaient approchés, constatèrent avec surprise ce qui venait d'arriver. De ce jour, on considéra Pierre comme un être à part.
Gertrude, quant à elle, manifestait sa reconnaissance en étant beaucoup plus sociable.
Une année avait passé ...
Anselme, celui qui avait pris les deux enfants en croupe, les avait pris aussi en amitié. Souvent, il venait près d'eux échanger quelques mots, écoutant Pierre raconter des histoires et parler de Dieu.
Ludovic, un jour, lui demanda :
"Qui est Dieu dont tu parles si souvent ?"
"Notre Père à tous" répondit Pierre" et Il nous voit, nous protège."
Ludovic écoutait ce que disait Pierre et, peu à peu, son comportement changeait. Il savait lire et dans le livre de Pierre l'on parlait de Dieu, de courage. L'on parlait aussi de la nature, si belle, et Ludovic, de plus en plus, rêvait d'une vie autre.
Il comprenait que son père s'adonnait à des besognes que la morale réprouve et il ne voulait pas continuer à vivre ainsi, mais comment faire ?
Anselme, qui prêtait l'oreille, entendait leur conversation et, lui aussi, il changeait de comportement.
Le chef un jour dit :
"Voyons, Pierre pourrait nous accompagner, maintenant il est assez grand pour cela"
Pierre, entendant cela, se mit à trembler. Il ne voulait pas être un voleur.
Ludovic s'interposa alors :
"Non, père, laissez-moi Pierre, je suis content de lui"
"Bien, je te l'accorde encore une fois."
S'approchant de son fils, il aperçut le livre qui était posé sur un escabeau.
"Qu'est-ce que cela ? Un livre !
C'est défendu" et s'en emparant avec violence le jeta dans le feu.
"Qui a introduit cela ici ?" tonna-t-il très en colère. "C'est moi" répondit Pierre bravement et Ludovic ajouta :
"Je sais lire. C'était si beau tout ce qu'il y avait dans ce livre. Vous n'auriez pas dû, père" et il se mit à pleurer.
Le brigand, très en colère, s'adressant à Pierre :
"Bon ! demain tu viens avec nous, c'est un ordre"
Anselme, qui avait assisté à la scène, se dit à lui-même : il est temps d'agir.
Ce soir, les brigands partiraient, le chef avec eux. Il simulerait être malade et il mettrait les enfants : au courant de son plan.
Il les ferait sortir l'un derrière l'autre quand Gertrude dormirait et, comme celui qui serait de garde est toujours l'un de ceux qui ne peuvent pas, pour une raison valable, accompagner les autres, ce serait lui.
Depuis quelques jours, il ne venait pas près des enfants et, se mêlant aux jeux des autres, bien au contraire, les raillait, se moquant avec des grivèleries grossières ...
Pierre en fût très choqué, car il avait beaucoup d'estime pour Anselme, qui ne se comportait pas comme les autres et avait souvent des mots gentils pour eux.
Il ne fallait vraiment compter sur personne, pensa-t-il avec regret.
Tout se passa comma l'avait prévu Anselme, le chef lui dit :
"Puisque tu es malade, tu resteras pour la garde avec Loïc et Ernest, pour te relayer à l'entrée de la grotte."
Demain, j'emmènerai, pour sa première sortie, Pierre, et je le surveillerai de près. Je sais que, sachant sa sœur Claudine ici, il exécutera mes ordres."
Les bandits partirent, comma convenu, les trois compères qui restaient devaient prendre la garde è tour de rôle aux abords du souterrain.
Ernest le premier, pendant ce temps, Gertrude, fatigué, se coucha et l'on put entendre son ronflement. Elle dormait profondément.
C'était le moment d'agir. Anselme avait mêlé au vin qu'il buvait un breuvage pour dormir, qu'il s'était procuré lors d'un de leurs cambriolages, si l'on peut dire, dans une officine de pharmacie.
Ce fut d'un effet étonnant. Loïc tomba sur la table.
Anselme s'approcha des enfants. Pierre ne dormait pas, il se redressa, effarouché. Que lui voulait-il ?
Un doigt sur les lèvres, en signe de silence, il s'approcha très près et lui dit :
"Pierre, je suis des vôtres, mais il fallait que je fasse croire aux autres que j'étais comme eux. Réveille les autres, ta sœur Claudine. Nous allons essayer de nous échapper, Ludovic est avec nous, je le sais."
À ce moment, Ludovic se réveilla et dit :
"Que se passe-t-il ?"
Anselme le lui dit :
"Je vais avec vous, je ne veux plus rester ici. Je ne veux pas devenir un brigand comme mon père."
Et l'évasion commença.
Il restait Ernest. Anselme s'en chargea. Il l'appela et, lui assénant un bon coup sûr la tête, l'envoya rouler dans un coin.
"Vite !" dit-il.
Ce fut Claudine la première. Courageusement elle laissa Anselme la porter au-dehors.
"Reste sagement ici, je reviens." et il repartit, Ludovic en second, puis Pierre.
Ensuite, le bord du précipice, longer prudemment et enfin la montagne, le torrent qui roulait son eau glacée.
Ludovic s'extasiait de tout.
"Que c'est beau !" S'exclamait-il
"Ne nous arrêtons pas. Plus tard, tu ouvriras grands tes yeux, Ludovic, devant la splendeur de la nature créée par le Dieu de Pierre"
"Le Dieu de vous aussi" s'exclama celui-ci ''de tous les êtres vivants sur cette terre."
Bientôt, ils débouchèrent dans une vallée où plusieurs routes s'entrecroisaient
"Prenons celle de droite, elle se dirige sur Grenoble" dit Anselme et soudain, s'arrêtant brusquement, il fit signe aux enfants de se dissimuler dans le taillis proche.
Lui-même aussi disparut dans les branchages épais.
Bientôt l'on vit apparaître au détour du chemin des cavaliers, bride abattue.
Ils disparurent dans un nuage de poussière.
Nos fuyards, tremblant un peu, sortirent de leur cachette.
"Vite" leur dit Anselme," ne traînons pas, j'aperçois le clocher d'un petit village è l'horizon, dirigeons-nous rapidement vers lui.
Quand ils vont arriver et qu'ils s'apercevront de notre fuite, je n'ose imaginer la fureur de ton père, Ludovic, et évidemment ils repartiront è notre recherche."
Malgré la fatigue, nos jeunes amis, épuisés, marchaient vaillamment.
Ludovic, qui n'était pas habitué à ce genre d'exercice, n'en pouvait plus ; ce fut Anselme qui le jucha sur son dos.
Notre petite troupe arriva au village juste quand sonnait l'angélus au clocher. Pierre dit alors :
"Venez à la Cure, un prêtre nous aidera."
Ce qui fut fait prestement.
Le prêtre écouta attentivement leur histoire, les mains jointes, la tête penchée et il leur dit :
"Vous resterez ici jusqu'à demain ! Je vous cacherai dans une pièce qui possède un passage secret, au cas où des fouilles soient entreprises par vos ravisseurs. De ce passage, vous pouvez vous retrouver tout près de la ville de Grenoble."
"Merci, mon Père." Répondit Pierre, "vous nous sauvez la vie."
Après les avoir restaurés assez copieusement, ils gagnèrent la chambre indiquée, au fond d'un jardin, toute nimbée d'une lumière dorée.
Ludovic n'en croyait pas ses yeux. Tout d'abord éblouis par la trop grande lumière du jour, n'étant habitué que de lumière de torches de feux de bois et d'ombre, ses yeux ne pouvaient supporter, mais, peu à peu, ils s'habituaient.
Bien vite, ils s'organisèrent. Le prêtre leur montra le passage dissimulé derrière la Bretagne, petit meuble attenant à la grande cheminée où quelques bûches finissaient de consumer.
Bonsoir ! les enfants. Je ferme les volets. Excuse-moi, Ludovic, toi qui aimes déjà tant la lumière et le soleil, mais il faut être prudent. Au moindre bruit, disparaissez dans le passage. N'oubliez pas de ramener derrière vous le battant de la Bretagne.
Voici une lettre pour le Père Labriouse. Il vous prendra sous sa protection.
"Je vous bénis et que Dieu vous garde."
Pierre s'était agenouillé avec sa sœur Claudine, les deux autres en firent autant.
Quelques heures après, on entendit des voix, des cris. " Vite " dit Anselme, " partons " et ils empruntèrent le passage secret. Munis de la torche, ils descendirent les escaliers de pierre et aboutissant dans un couloir humide et sombre, ils marchèrent un assez long moment et, peu à peu, une petite lumière apparut tout au fond.
Ils débouchèrent dans un taillis, d'où ils sortirent sans trop de mal, et se dirigèrent vers la ville proche.
La première église qui se trouva dans la petite rue où ils s'engagèrent leur parut accueillante et ils rentrèrent. Pierre se recueillit, remerciant Dieu de les avoir aidés. Au bout d'un moment, un prêtre rentra.
Pierre, poliment, s'approcha de lui et demanda le Père Labriouse.
"C'est moi" répondit celui-ci. "J'ai une lettre pour vous."
Le prêtre la lut et, au fur et à mesure, qu'il en prenait connaissance, il regardait les enfants l'un après l'autre.
"Je présume que c'est toi, Pierre ?" "Oui"
"Et Claudine" montrant la petite sœur. Toi, c'est Ludovic, et voilà Anselme.
Venez avec moi. Le prêtre Champa vous a confié à moi, je vais m'occuper de vous.
Tout près de l'église se trouvait le presbytère, où ils furent priés de rentrer.
Une vieille servante arriva et le prêtre lui dit :
"Mélanie, donnez donc un déjeuner à mes jeunes amis. Je vous laisse aux bons soins de Mélanie. Je reviendrai un peu plus tard."
Ils mangèrent de fort bon appétit le déjeuner et Mélanie leur dit :
"Voulez-vous aller un peu au jardin en attendant Frère Champa."
"Oh oui ! "s'exclama en premier Ludovic, qui ne se lassait pas d'admirer toutes les merveilles de la nature.
Frère Champa s'activa à s'occuper d'eux le plus rapidement possible, après les avoir interrogés sur ce qu'ils pensaient faire de leur avenir, Pierre aimait l'étude, les livres. Pour lui, il faudrait une bonne école, pour Claudine aussi.
Ludovic était avide de tout connaître. Pour lui aussi, l'école. Pierre lui avait déjà beaucoup appris, il fallait continuer dans ce sens.
Ludovic voulait être gendarme pour essayer de convertir les voleurs. Il pensait à son père et ne pouvait le condamner. L'ayant confié au prêtre, celui-ci lui dit :
"Tu as raison, Ludovic, ta disparition est déjà pour lui sa première punition."
Ainsi fut fait selon la volonté des enfants et avec les prêtres qui, par leurs connaissances et leurs possibilités, mirent tous ces projets à exécution.
Anselme fut aidé aussi et on lui trouva un travail comme jardinier, dans une propriété. Les enfants lui rendaient souvent visite et c'était une grande joie pour tous.
Les brigands furent arrêtés et jugés. Le père de Ludovic, repenti, sortit assez vite de prison. Il rendit l'or volé et devint, ainsi que ses congénères, de bons citoyens. Sa joie fut de retrouver son fils.
La vieille Gertrude, placée dans une bonne maison de retraite, retrouva un peu la santé.
Les années passèrent. Les enfants étaient devenus de beaux jeunes hommes et Claudine, une merveilleuse jeune fille. Ludovic l'aimait depuis longtemps, mais n'osait pas se l'avouer, et Claudine aussi aimait Ludovic.
Ce fut Pierre qui, ayant compris leur secret, les amena à se déclarer leur amour.
Ils se marièrent. Ludovic était devenu un très bon ouvrier serrurier et Claudine une parfaite ménagère.
Quant à Pierre, il rentra dans les ordres et c'est lui qui eût la joie de baptiser le premier né de sa sœur et fut le parrain :
ANSELME, l'appelait-on, ce qui ravit notre vieil ami.
Il n'y avait plus de brigands, mais des gens honnêtes et si encore quelques-uns hantaient les bois et les cavernes, ce n'était pas le père de Ludovic, redevenu un Citoyen français digne de ce nom, et si heureux d'être grand-père. On lui avait trouvé un emploi dans la grande propriété où travaillait Anselme.
Quelle belle histoire, vous l'ai-je contée avec assez de fidélité. J'espère que l'auteur pardonnera mes lacunes.
C'était au temps des diligences, des ombrelles et des crinolines.
Je n'étais qu'une petite gamine ... qui n'avait pas beaucoup de chance.
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